Gianmosé Petazzi Un rêve de couleurs “Prima faccio la forma, poi faccio il mondo attorno.” “D’abord je fais une forme, ensuite je fais le monde autour.” Jouissance de la peinture Regarder les peintures de Gianmosé Petazzi, c’est s’imprégner de la jouissance des couleurs et des formes qui a présidé à leur création. La visite dans son atelier est à ce titre significative. Aux parois, plusieurs dessins introduisent tout d’abord à son monde formel, qui ne manque pas de provoquer quelques réminiscences archétypes. Puis vient la révélation polychrome des toiles peintes que l’artiste accroche au mur ou pose au sol en reconstituant les séries d’origine. Cet univers de formes et de couleurs montré aujourd’hui s’inscrit dans la continuité d’un parcours, jalonné par l’exercice quotidien de la peinture et du dessin. Ces écritures mettent en jeu une spontanéité du geste et une maîtrise de la ligne qui s’affirment au fil des ans. Musicalité de la série La notion sérielle joue un rôle fondamental dans la pratique artistique de Gianmosé Petazzi. Cette nécessité de travailler sur plusieurs toiles en parallèle constitue sa manière de cerner une idée, une structure, une couleur, d’aller au bout d’un dessein. Ce dessein, qui précède la mise en forme proprement dite, naît dans l’intimité de sensations personnelles, d’un vécu ou de rêves enfouis ; parfois il explore ce que l’inconscient veut bien libérer et qui se révèle alors dans un répertoire de formes primitives, identifiables comme telles par tous. Ainsi chaque série est porteuse d’un fragment d’histoire personnelle, dont Petazzi extrait toute narrativité anecdotique pour ne s’attacher qu’à la logique picturale des motifs sur la toile. Geste accidentel L’accidentel fait partie intégrante du travail de l’artiste qui, délaissant le pinceau, renverse directement la matière picturale sur la toile ; l’équilibre entre spontanéité et maîtrise du geste instaure alors des variations de couleurs et de formes qui traversent et scandent l’ensemble des déclinaisons d’une même série. Il en résulte une partition polychrome dont la musicalité transparaît non seulement dans chaque oeuvre, mais contribue également à maintenir une relation entre les toiles ; les tableaux se trouvent ainsi reliées entre eux par le fil d’une pensée, projetée dans l’articulation peinte de leur surface. Fragments de rêves La mise en forme de ce monde de couleurs, peuplé de fragments de rêves travaillés par la peinture, est précédée d’une préparation ; une sorte de rituel de gestation interne, mentale, mais également physique, permet à Gianmosé Petazzi d’apprivoiser l’intention conceptuelle pour la transformer en un espace pictural significatif. Le choix – en amont de l’acte de peindre – de la couleur, de la matière, du support, constitue le préalable indispensable. Il y a pour lui un véritable plaisir qui naît lors de cette réflexion sur les éléments constitutifs de l’oeuvre. Avant d’arriver devant ses toiles pour déverser la peinture – action délicate qui nécessite une grande concentration –, chaque décision aura été l’objet d’une recherche à travers laquelle se décide la formulation adéquate d’une série, quel que soit le nombre de support la constituant. Entre rêve et réalité Gianmosé Petazzi offre une peinture qui sait séduire l’oeil et l’esprit grâce à l’acuité avec laquelle il a su extraire de chaque forme, mentalement choisie, ses composantes plastiques les plus pertinentes. Il nous donne à voir un répertoire qui lui est propre, travaillant sur la toile une écriture de la pensée qui oscille entre abstraction colorée et fi guration dessinée. Ainsi, chaque oeuvre met en avant une extraordinaire liberté d’expression – hors de toutes contraintes imposées par la mode ou les courants dominants –, et un sens universel, évocateur d’émotions visuelles.
Septembre 2005. Myriam Poiatti.
Septembre 2005. Myriam Poiatti.